La Corée du Nord, officiellement connue sous le nom de République populaire démocratique de Corée (RPDC), reste l’une des nations les plus secrètes et isolées du monde. Avec un régime totalitaire strict contrôlé par la dynastie Kim, le pays est souvent décrit comme un royaume de contrôle étatique strict sur tous les aspects de la vie, y compris l’économie. Cependant, sous le vernis d’un contrôle gouvernemental absolu se trouve un réseau complexe de taxes informelles et de corruption généralisée, qui jouent un rôle important dans la vie quotidienne des Nord-Coréens et le fonctionnement de l’économie parallèle du pays.
**Contexte économique**
L’économie de la Corée du Nord est depuis longtemps caractérisée par un plan centralisé, ce qui signifie que toutes les activités économiques sont orchestrées par l’État. Le gouvernement possède tous les moyens de production, et l’entreprise privée est officiellement interdite. Au fil des ans, diverses sanctions imposées par la communauté internationale, notamment après les programmes d’armes nucléaires et de missiles balistiques en cours du pays, ont encore isolé économiquement la Corée du Nord.
Malgré cet isolement et ce contrôle étatique strict, une économie informelle basée sur le marché a émergé et s’est développée depuis les années 1990. La grande famine du milieu des années 1990, qui a entraîné l’effondrement du Système de distribution publique (SDP), a contraint de nombreux Nord-Coréens à se livrer au commerce privé ou aux marchés « jangmadang » pour survivre. Ces marchés, bien que techniquement illégaux, sont devenus un élément crucial de la vie quotidienne en Corée du Nord.
**Taxes informelles**
Étant donné la position officielle de l’État contre l’entreprise privée, s’engager dans de telles activités nécessite souvent le paiement de taxes informelles à divers fonctionnaires pour fermer les yeux. Ces taxes informelles, parfois appelées **pots-de-vin** ou « frais », sont payées aux fonctionnaires locaux, aux policiers et parfois même au personnel militaire. Elles servent de **droit de passage** permettant aux commerçants et aux individus d’opérer dans ces marchés sans interférence du gouvernement.
Dans certaines régions, les taux de ces taxes informelles peuvent être assez élevés. Les commerçants doivent généralement payer une partie de leurs gains, qui peuvent varier en fonction du type de marchandises qu’ils vendent, de la région et du fonctionnaire collectant la taxe. Cela crée un fardeau important pour les commerçants, mais procure également un revenu substantiel aux fonctionnaires corrompus impliqués.
**Corruption dans le gouvernement et la société**
La corruption est endémique dans la société et le gouvernement nord-coréens. Elle ne se limite pas aux simples fonctionnaires collectant des pots-de-vin auprès des commerçants de marché; elle imprègne tous les niveaux de l’appareil d’État. Les hauts fonctionnaires exploitent souvent leur position pour accumuler richesse et biens, qu’ils peuvent ensuite utiliser pour garantir la loyauté et maintenir leur pouvoir. Les points cruciaux où la corruption est la plus répandue comprennent :
– **Entreprises publiques** : Les fonctionnaires détournent régulièrement des ressources des entreprises publiques, qui sont souvent laissées sous-financées et sous-performantes en conséquence.
– **Aide humanitaire** : De nombreux rapports ont fait état d’une aide humanitaire destinée à la population nord-coréenne détournée et revendue sur le marché noir.
– **Réseaux de contrebande** : Certains fonctionnaires gouvernementaux participent à la contrebande de marchandises dans et hors du pays, contournant à la fois les lois nationales et les sanctions internationales.
**Impact sur la société**
La corruption omniprésente et le système de taxation informelle en Corée du Nord ont un impact profond sur la société. D’une part, ils perpétuent l’inégalité et l’injustice, avec les personnes au pouvoir exploitant leur position pour un gain personnel. D’autre part, l’émergence de ces structures de marché informelles et la capacité de corrompre les fonctionnaires ont offert aux Nord-Coréens un degré limité de liberté économique et d’opportunité. Cela a favorisé une forme de résilience et d’esprit d’entreprise au sein de la population.
Néanmoins, le système signifie également que le gouvernement nord-coréen ne peut pas exercer un contrôle complet sur l’économie, menant à un paradoxe où l’État est à la fois omniprésent et miné par ses propres pratiques corrompues.
**Conclusion**
Le phénomène des taxes informelles et de la corruption en Corée du Nord met en lumière la réalité de la vie sous l’un des régimes les plus répressifs au monde. Alors que l’État maintient une position officielle stricte contre l’entreprise privée, la survie et la prolifération des marchés informels témoignent de la résilience du peuple nord-coréen face à un contrôle étatique extrême. La corruption, loin d’être simplement un mal socio-politique, est devenue un mécanisme crucial qui permet à la fois aux fonctionnaires et aux citoyens ordinaires de naviguer dans les complexités de la vie en Corée du Nord.
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