La Corée du Nord, officiellement connue sous le nom de République populaire démocratique de Corée (RPDC), est l’une des nations les plus secrètes et isolées au monde. Au fil des décennies, ses pratiques commerciales ont évolué de manière significative, impactées par les politiques internes et les pressions externes de la communauté internationale.
**Contexte historique**
La structure économique de la Corée du Nord est profondément enracinée dans une économie centralisée et planifiée depuis sa création en 1948. Après la guerre de Corée (1950-1953), le pays a adopté une planification économique de style soviétique, qui a vu l’État contrôler tous les aspects de la production et de la distribution. L’idéologie Juche, promue par le dirigeant fondateur Kim Il-sung, mettait l’accent sur l’auto-suffisance et visait à créer un État autarcique.
**Entreprises d’État et planification centrale**
Pendant des décennies, l’économie de la Corée du Nord a été dominée par des entreprises publiques. Les industries lourdes, telles que l’acier, la machinerie et la production chimique, ont été prioritaires, reflétant l’accent mis par les dirigeants sur la construction d’une nation forte et autosuffisante. Les coopératives agricoles ont également joué un rôle crucial dans la sécurité alimentaire de la population. L’État contrôlait les prix, les salaires et l’allocation des ressources, laissant peu de place aux pratiques orientées par le marché.
**La Marche difficile et les réformes économiques**
Les années 1990 ont été une période de grandes difficultés pour la Corée du Nord. Connue sous le nom de « Marche difficile », cette ère a été caractérisée par une famine généralisée et un effondrement économique, largement dus à la perte du soutien soviétique et aux catastrophes naturelles. Face à une pression immense, le gouvernement nord-coréen a commencé à adopter certaines réformes orientées vers le marché au début des années 2000.
Un changement notable a été l’introduction des marchés des agriculteurs, connus sous le nom de **jangmadang**. Ces marchés ont permis aux individus de commercialiser des biens et des services indépendamment de l’État. Bien qu’initialement restreints, ils sont devenus de plus en plus tolérés et même utilisés par le régime pour soulager les difficultés économiques.
**Zones économiques spéciales**
Dans le but d’attirer des investissements étrangers et des technologies, la Corée du Nord a établi plusieurs Zones économiques spéciales (ZES). La ZES de Rason, créée au début des années 1990, a été l’une des premières à viser à favoriser le commerce et l’industrie dans un environnement contrôlé. Plus récemment, des zones comme le Complexe industriel de Kaesong, un projet en collaboration avec la Corée du Sud, ont illustré la volonté de la Corée du Nord de s’engager économiquement avec ses voisins, bien que sous une stricte supervision.
**Évolution des pratiques commerciales**
Dans les années 2000 et 2010, on a observé d’autres signes de libéralisation économique. Des petites entreprises privées appelées **donju** ont commencé à émerger. Ces opérateurs commerciaux riches se sont impliqués dans divers secteurs, du commerce à la construction, bénéficiant souvent de liens avec l’élite au pouvoir. Bien que l’État garde toujours un contrôle strict sur les grandes industries, ces activités entrepreneuriales ont introduit des éléments de capitalisme dans l’économie rigidement contrôlée.
**Défis et sanctions internationales**
Malgré ces changements, la Corée du Nord continue de faire face à d’importants défis économiques. Les sanctions internationales, imposées en raison de son programme d’armes nucléaires et de ses violations des droits de l’homme, limitent considérablement sa capacité à s’engager dans le commerce mondial. La contrebande et les activités du marché noir ont augmenté en réponse, alors que les entreprises et les individus cherchent des moyens de contourner les restrictions.
De plus, la pandémie de COVID-19 a ajouté une couche supplémentaire de complexité. Le gouvernement nord-coréen a mis en place des contrôles stricts aux frontières, isolant encore davantage le pays sur le plan économique. Cela a eu un impact sur le commerce avec la Chine, premier partenaire commercial de la Corée du Nord, et a mis à rude épreuve une économie déjà fragile.
**Perspectives futures**
L’évolution des pratiques commerciales en Corée du Nord reflète une approche prudente et pragmatique de la part des dirigeants. Bien que la rigidité idéologique persiste, la nécessité de s’adapter aux réalités économiques changeantes a conduit à des réformes progressives. L’avenir de l’environnement commercial de la Corée du Nord dépendra probablement de l’interaction entre les politiques internes, les relations internationales et la résilience de sa population.
En conclusion, le paysage commercial en Corée du Nord a connu d’importants changements au cours des dernières décennies. D’une économie de commande strictement contrôlée à l’introduction progressive de mécanismes de marché, l’approche du pays en matière d’affaires demeure complexe et multifacette. Alors que la Corée du Nord continue de naviguer sur sa voie unique, le monde observe avec un vif intérêt, envisageant les possibilités et les défis à venir.